Découvrez l'univers fabuleux des contes japonais populaires de la période Edo, avec ces petites histoires pour enfants.
Les contes japonais de cet article, et qui proviennent de mon livre "Contes japonais populaires de la période Edo : Petites histoires pour enfants et fables en prose durant l’époque féodale du Japon", sont transmis de génération en génération depuis le Japon féodal. Cette période était marquée par des histoires imprégnées par la sagesse et le divertissement.
Ces récits de la période Edo mettent en scène des personnages fascinants tels que des samouraïs, des héros ordinaires et des yokai, confrontés à des défis et des situations originales. Ces contes sont non seulement divertissants, mais également éducatifs en offrant des leçons de vie importantes sur la justice, la place en société et la connaissance de soi. Que vous soyez un enfant ou un adulte, vous découvrirez un nouvel aspect de la culture japonaise à travers ces histoires intemporelles qui ne manqueront pas de vous captiver.
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Article écrit le 05 mai 2023
Auteur : Kévin Tembouret
Sommaire :
Il était une fois un jeune homme de la noblesse et une jeune fille d'une famille paysanne, qui tombèrent amoureux l'un de l'autre. Malheureusement, leurs parents ne permettaient pas leur mariage en raison de leurs origines différentes.
Un jour, les deux amoureux se sont retrouvés au bord d'un lac où ils ont vu deux carpes nager côte à côte, apparemment en parfaite harmonie malgré leurs couleurs différentes. Inspirés par cette vision, les jeunes amoureux ont décidé de s'enfuir pour réaliser leur rêve de vivre ensemble, même si cela signifiait renoncer à leur vie antérieure.
Ils ont sauté dans le lac et ont nagé jusqu'au point le plus profond. Ils savaient qu’une carpe légendaire, connue pour exaucer les vœux, vivait là. Les amoureux ont exprimé leur désir de vivre ensemble pour toujours, et la carpe a répondu en leur accordant leur souhait.
Les deux amoureux se sont alors transformés en deux beaux poissons et ont nagé côte à côte pour l'éternité, sans se soucier de leurs différences de statut ou de leur origine sociale.
Un amour sincère peut transcender toutes les différences et les obstacles, il suffit de le vivre avec passion et bonheur.
C’est l’histoire d’un homme qui aimait planter des arbres. Il avait un grand jardin, dans lequel il passait beaucoup de temps à cultiver différentes variétés d'arbres et de plantes. Un jour, il a décidé de planter dix saules qu'il avait obtenus d'un ami, mais il avait peur que les enfants du quartier ne les endommagent en jouant autour d'eux.
Pour protéger ses jeunes arbres durant une absence de quelques jours, il a demandé à un garçon du quartier de les garder en sécurité. Le garçon a accepté et a pris soin des saules avec diligence, les arrosant régulièrement et s'assurant qu'ils étaient bien protégés. Quelques jours plus tard, le monsieur est revenu de son voyage et il demanda au garçon comment les arbres allaient.
Le garçon a répondu que tout était pour le mieux, il les avait déracinés pour les ranger dans la réserve. L’homme pleura de tristesses, ses saules si bien protégés par l’enfant étaient tous morts.
Il est bon de demander de l’aide aux autres, mais il est mauvais de trop protéger ce qu’on aime. Croire qu’on protège, c’est parfois ne pas voir qu’on détruit.
Il était une fois trois amis qui aimaient parler des choses insolites du monde. L'un d'eux avait entendu parler d'insectes étranges qui se nichent dans les cils des moustiques, et les autres étaient étonnés. L'un d'eux a demandé :
« Vraiment, il y a de si petites bestioles ? »
Mais cela n'était pas la seule chose bizarre dont ils avaient entendu parler. Ils ont ensuite discuté de l'existence d'un oiseau appelé « oiseau du vent », qui vivait très haut dans le ciel et qui se nourrissait du vent. L'un d'entre eux a demandé :
« S’il existe vraiment, quel genre de caca fait cet oiseau ? Et puis … Quand on est face au vent et qu’on respire, ça veut donc dire qu’on mange ses pets ..? »
Les amis ont ri, imaginant les excréments d'un oiseau qui ne mangeait que de l'air.
Finalement, ils ont réalisé que parfois, il vaut mieux ne pas trop se poser de questions sur les choses étranges. Il est préférable d’uniquement profiter de la beauté et de la diversité du monde.
Depuis longtemps, on dit que lorsque la foudre tombe au sol, le dieu du tonnerre vole le nombril du premier venu.
Un jour, un éclair est tombé tout près d’une maison. Le propriétaire sursauta de peur, puis il regarda tout de son nombril. Ouf ! Il était toujours là. Sa famille et lui-même allèrent voir le lieu de l’impact.
Une fois arrivés sur place, ils se retrouvèrent face au dieu du tonnerre, Kaminari-sama, en train de se laver les mains dans l'eau de l’étang.
La famille de l'homme, inquiète, a demandé au dieu du tonnerre ce qu'il faisait là. Gêné, le dieu a répondu :
« C'est tellement embarrassant. J'ai manqué de peu d'attraper le nombril de ce monsieur et mes mains ont glissé dans ses fesses … »
Même les dieux font des erreurs ! Ne vous blâmez pas si vous vous trompez parfois, personne n’est parfait.
Il était une fois un homme qui était obsédé par l'idée d'attraper un héron vivant. Il avait passé de nombreuses nuits à réfléchir à une méthode pour y parvenir, mais sans succès. Jusqu'à ce qu'il ait finalement une idée. Il en parla à un de ses amis qui lui dit :
« Tu as beaucoup de temps libre, on dirait, pour vouloir de telles choses ! Enfin bref, comment vas-tu faire pour attraper cet oiseau ? »
L’homme ne releva pas la remarque sarcastique et il lui répondit :
« Viens avec moi ce soir, je vais te montrer. »
Le soleil couché, les deux amis se retrouvèrent dehors. Ils attendirent un moment, puis un héron blanc se posa au sol.
Vite ! Ils se cachèrent dans la roselière voisine puis l’homme appela bruyamment "Héron !". Ensuite, il cria encore plus fort : "Héron !".
L’oiseau appelé se retourna alors, surpris, mais il ne vit personne. Par précaution, il commençait à s'éloigner.
« Tu vois, ta technique ne fonctionne pas. Rentrons car il est tard. », dit l’ami.
« Ne dis pas de bêtises et suis-moi. », répliqua-t-il.
Ils avancèrent encore plus vers l’animal puis il cria à nouveau d'une voix forte : "Héron !".
Le héron appelé regarda à nouveau derrière lui, avec agacement, mais il n'y avait toujours personne. Il s’éloigna de deux ou trois pas supplémentaires.
Encore une fois, les deux hommes avancèrent et l’homme s’obstina à crier : "Héron ! ".
Après tant de fois, le héron ne regardait même plus derrière lui et ne considérait plus le danger.
Ensuite, l’homme sortit de la roselière sans se faire remarquer. Pour donner l'impression qu’il appelait l’oiseau de loin, il baissa progressivement sa voix, puis il se rapprocha tout doucement :
« Héron ! Héron ! Héron ! Héron ! Hé … Hop ! »
Sous les yeux ébahis de son ami, il avait réussi à attraper un héron.
Parfois, il est préférable de ne pas écouter les remarques négatives des autres pour faire ce que l’on souhaite. C’est de cette manière et avec de la créativité qu’on arrive à se surpasser, à devenir meilleur dans un domaine ou à changer une façon de penser.
Il était une fois, dans un petit village, des voleurs stupides qui cherchaient à voler dans la maison d’un homme terriblement pauvre. Ils fouillaient dans l'armoire et sous le plancher, mais il n'y avait rien à prendre. L'un d'entre eux marmonna :
« C'est un vrai gâchis. Je n'ai jamais vu une maison aussi vide. »
Cependant, ses mots réveillèrent l'homme qui dormait dans un futon bon marché. Il les vit et, en sursautant, il cria :
« Des voleurs ! Des voleurs ! »
Les cambrioleurs s’en allèrent en courant, paniqués. Ils n’avaient rien pu prendre avec eux dans leur fuite, car il n’y avait vraiment rien à voler.
L’homme pauvre s’exclama :
« Voleurs, comment osez-vous me voler ? Je n’ai plus d’argent ni de vêtements à cause de vous. Eh bien, maintenant je ne peux plus payer le loyer ! Mon propriétaire va devoir m’héberger gratuitement pendant quelque temps à cause de vous ! »
Un des voleurs, en entendant cela, se mit en colère et sortit de l'ombre en criant :
« Non, non, non ! Comment osez-vous dire qu’on vous a volé des choses qui n'existent pas ? Ne connaissez-vous pas le proverbe 'le menteur est un voleur' ? »
L'homme était tellement surpris de cette réponse qu’il s’excusa en se mettant à genoux :
« Je suis désolé, toutes mes excuses … C’était idiot de ma part, je ne suis pas un voleur. »
Le cambrioleur accepta ses excuses et s’en alla.
La morale de cette histoire est que la vérité est toujours la meilleure option, même si cela signifie être honnête sur sa pauvreté. En mentant, l’homme pauvre avait voulu voler son propre propriétaire. Il s’était rendu aussi malhonnête que les cambrioleurs eux-mêmes.
Il était une fois un marchand qui avait acquis six éperviers de Chine très rares. Ces oiseaux étaient si précieux qu'ils étaient normalement offerts au seigneur du château. Cependant, le seigneur avait une superstition qui exigeait que tout ce qu’on lui offrait soit au nombre de trois, cinq ou sept.
Le marchand était dans une impasse, ne sachant pas quoi faire. Il réfléchit un moment et décida d'ajouter un épervier japonais à sa collection pour en faire sept. Il présenta ensuite les oiseaux au seigneur, qui était très heureux de recevoir un présent aussi rare et unique.
Cependant, il remarqua qu'il y avait un épervier japonais dans la collection, ce qui n'était pas conforme à ses attentes. Il en demanda la raison au marchand et celui-ci ne répondit pas.
C'est alors que l’épervier japonais s'avança et se présenta comme l'interprète des éperviers de Chine.
Le seigneur, impressionné par l'intelligence de cet oiseau, accepta leur présence et leur fit un accueil chaleureux.
L’intelligence et les bonnes explications peuvent surmonter toutes les épreuves, même les superstitions et les croyances irrationnelles.
Il y a longtemps, un homme venant d’une campagne lointaine s’était rendu à Edo. Sur le chemin, il fit la découverte d’un oiseau étonnant : il était blanc, rond et sans ailes. Dans cette région du Japon, on appelait cet animal un mari.
Lorsqu'il est rentré au village, il a tout de suite expliqué aux habitants ce qu’il avait vu. Même, il avait ramené avec lui un mari.
C’était facile d’en capturer un, car le mari ne pouvait pas voler.
Tout le monde s’empressa de regarder l’animal apeuré, jusqu’au moment où le fou du village est arrivé en courant et en criant. Tout le monde s’est écarté du fou tout nu, qui se retourna en un instant et qui péta sur l’oiseau.
Avec un petit gazouillement aigu, l’oiseau sans aile se vit propulsé dans les airs par le pet. Depuis, plus personne dans le village n’a rencontré de mari.
La morale ? Est-ce qu’il y en a vraiment une … Peut-être pourrions-nous dire que dans un moment de difficulté, même celui que nous n’attendions pas peut nous aider à nous en sortir ?
Il était une fois un petit garçon nommé Taro, qui aimait jouer et courir dans les champs. Un jour, il est rentré chez lui en criant :
« Maman ! Maman ! J'ai trouvé quelque chose de génial ! ». Sa mère a demandé :
« Qu'est-ce que c'est, mon chéri ? »
Taro a répondu, tout excité :
« De l'argent ! Et c'est un koban ! » (Une pièce de monnaie en or, de grande valeur)
Sa mère était étonnée et a voulu voir le koban, mais Taro a aussitôt dit :
« Je l'ai perdu quelque part en chemin, désolé … »
Sa mère a souri et lui a dit :
« Ce n'est pas grave, mon fils. Mon véritable trésor, ça sera toujours toi. ». Ensuite, ils sont allés jouer ensemble dans le jardin.
Les choses qui ont le plus de valeurs ne concernent pas l’argent mais celles qui sont dans le cœur.
Il était une fois un seigneur très exigeant qui aimait les énigmes. Il passait son temps à chercher des défis, mais rien ne semblait le satisfaire.
Un soir, il alla voir son cuisinier et il lui dit :
« J'ai envie de quelque chose de différent aujourd'hui. Apporte-moi un repas qui soit à la fois bon et mauvais. »
Le cuisinier réfléchit un instant, puis il trouva une solution en lui apportant une viande fumante.
« Merci pour votre patience. Voici la 'bonne et la mauvaise nourriture' que vous avez commandée. Veuillez apprécier votre repas », dit-il.
Le seigneur était curieux de savoir ce qu'il avait dans son assiette, mais quand il découvrit que c'était de la langue de vache collante et baveuse, il fut très fâché. Il s’exclama :
« Quoi, de la langue de vache ? Je ne peux pas manger ça, c'est dégoûtant ! »
Le cuisinier, imperturbable, lui répondit :
« Je suis désolé, mais je réponds à votre demande. C'est la langue qui perçoit le goût de la nourriture comme bon, et c’est la langue qui le perçoit comme mauvais. La langue est la seule chose qui associe la bonne et la mauvaise nourriture. »
Le seigneur était très étonné de la réponse de son chef cuisinier et il accepta d’en manger. Finalement, cette viande semblait répugnante mais elle était exquise.
Ne jugez pas une chose à son apparence. Prenez le temps de la découvrir et de l’apprécier à sa juste valeur.
Il était une fois, dans un temple perché sur une colline, un moine avare qui ne partageait jamais sa nourriture. Même avec les enfants affamés du village voisin, il se montrait égoïste.
Un jour, un petit garçon s'approcha du moine et lui demanda s'il pouvait avoir un peu de riz ou de soupe. D’un air méchant, il lui répondit :
« Je ne peux pas te donner de la nourriture, j’en ai besoin pour moi-même. Vois-tu, je mélange le riz et la soupe ensemble pour faire une succulente bouillie. »
Le petit garçon ne se laissa pas décourager. Il se mit à réfléchir à une solution pour que le moine change d'avis. Maintenant qu’il savait que le religieux adorait ce plat, il décida de le rendre dégoûtant.
Le soir venu, le petit garçon ajouta une quantité excessive de sel à la bouillie du moine, de sorte qu’il ait tout le temps soif et qu’il finisse par vider toutes les jarres du temple. Plus tard, dans la nuit, le petit garçon se cacha dans le puits. Il était vêtu d'un kimono blanc et il avait fixé le seau d’eau sur sa tête.
Lorsque le moine s'approcha du puits, il entendit une voix effrayante qui venait de l'intérieur :
« Je suis le dieu des puits ! À partir de maintenant, je ne te laisserai plus jamais boire de mon eau ! »
Le petit garçon se faisait passer pour une divinité dans le seul but d’arriver à ses fins.
Le moine, désespéré, l’implora de lui permettre de boire de l'eau. Le petit garçon, amusé par la situation, accepta à une seule condition :
« Promets-moi de ne plus manger de la bouillie ! Tu dois partager ton repas avec les enfants. Tu mangeras le riz et tu donneras la soupe. »
Le moine promit alors de changer ses habitudes alimentaires et de ne manger plus que du riz nature.
Le lendemain matin, le petit garçon demanda au moine s'il devait lui préparer de la bouillie. Le religieux, ayant appris sa leçon, répondit :
« Non, non, surtout pas ! Du riz uniquement. Je te donne ma soupe ! »
Il comprit alors que la nourriture était faite pour être partagée et que la générosité était une vertu plus précieuse que l’avarice. Le partage des richesses et des ressources est la clé de la paix dans notre société, elle ne doit pas être négligée ou injustement mal répartie.